jeudi 22 novembre 2012

Déchiffrons l'Apocalypse



Lire Apocalypse 1, 5-8

Le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse de saint Jean, est un livre intrigant à cause de son style imagé où se multiplient symboles, rêves, chiffres et personnages mystérieux. Depuis deux mille ans, plusieurs ont été tentés d’y déchiffrer des indices sur l’avenir, particulièrement sur la fin des temps. Mais la théologie catholique contemporaine y voit d’abord un livre qui s’adresse aux lecteurs de l’époque de sa rédaction, c’est-à-dire de la fin du premier siècle. Ces chrétiens et chrétiennes, en proie à une vive persécution sous l’empire romain, étaient tentés d’abandonner leur jeune foi en Jésus-Christ afin de sauver leur vie. L’auteur du livre de l’Apocalypse les invite à la fidélité, même jusqu’à la mort.

Les premiers versets du livre que nous lirons ce dimanche se comprennent bien à cette lumière. D’abord, l’auteur y donne trois titres à Jésus. Il l’appelle « le témoin fidèle. » Jésus en effet a été fidèle jusqu’à la croix : ses disciples doivent imiter cette fidélité. Ensuite, l’auteur lui donne le titre de « premier-né d’entre les morts. » Car de par sa résurrection, Jésus qui était mort est maintenant vivant. En l’appelant « premier-né, » l’auteur indique que ceux qui mourront avec Jésus vivront avec lui au-delà de la mort. Enfin, Jésus reçoit le titre « souverain des rois de la terre. » Alors que les premiers chrétiens sont persécutés par l’empereur romain qui se déclare souverain de la terre, le livre de l’Apocalypse proclame Jésus souverain même de l’empereur romain. La puissance du Christ dépasse celle de l’empereur Néron. Il faut donc avoir confiance dans la victoire ultime du Christ.

Le texte continue en rappelant ce que Jésus a fait pour nous. En nous délivrant de nos péché, il a fait de nous « le royaume et les prêtres de Dieu son Père. » Néron se disait à la fois roi et grand prêtre de son royaume. Mais en Jésus, tous les croyants sont rois et prêtres. Ils partagent la royauté du Christ et participent à son ministère de réconciliation. Les titres de Néron n’ont donc aucune valeur aux yeux des croyants.

Enfin, on annonce la venue du Christ dans la gloire. Il viendra « parmi les nuées, » signe de sa vraie divinité, à l’encontre de la fausse divinité que réclame l’empereur romain. Et lorsqu’il viendra, « tous les hommes le verront… et toutes les tribus de la terre se lamenteront, » parce qu’elles comprendront qu’elles avaient rejeté le vrai Seigneur de l’univers.

Tout cela mène à cette conclusion, placée dans la bouche du Christ ressuscité qui apparaît en rêve : « Je suis l’alpha et l’oméga. » Alpha, c’est la première lettre de l’alphabet grec; oméga, c’est la dernière. Cela veut donc dire que le Christ englobe toute la réalité, qu’il est le maître de l’histoire entière à partir de ses débuts jusqu’à sa fin.

Le mot apocalypse veut dire révélation. Ce que ce livre « révèle » n’est pas une information cachée sur la fin des temps, mais le sens du moment présent. Il nourrit l’immense espoir qui habite le cœur chrétien. Torturés dans les prisons romaines, broyés sous les dents des lions dans les arènes, crucifiés par dizaines le long des routes, les premiers croyants ont remis leur vie entre les mains de Jésus parce qu’il leur a ouvert le chemin de la vraie gloire. Deux mille ans plus tard, ce message d’espoir continue à résonner dans nos oreilles et dans nos cœurs.

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