vendredi 20 juillet 2012

Aboli, le mur de la haine

Lire Éphésiens 2, 13-18

De nombreuses personnes de culture grecque s’intéressaient au judaïsme à l’époque de Jésus. Elles étaient fascinées par la croyance en un seul Dieu créateur et transcendant, en opposition à cette multitude de petits dieux grecs qui semblaient souvent plus enfantins que les hommes ordinaires. Le code moral du judaïsme leur semblait plus digne et plus engageant que ce qu’on pouvait retrouver chez certains philosophes grecs. Ils voyaient dans le culte sobre de la synagogue, centré sur la Parole de Dieu et la prière, une forme de liturgie plus signifiante que les nombreux sacrifices sanglants des innombrables temples des cités grecques. Mais une chose les empêchait de devenir Juifs : les centaines de règlements rituels de la Torah, qui auraient rendu difficile la vie dans la culture grecque. Un règlement particulier faisait obstacle : l’obligation de la circoncision pour les mâles.

Saint Paul était convaincu que le salut ne venait pas de l’obéissance à ces lois, mais de la foi au Christ, mort et ressuscité pour nous. C’est pourquoi le christianisme n’a pas retenu ces lois rituelles. Par contre, il a conservé la foi en un seul Dieu, ainsi que le code moral du judaïsme. Sa liturgie aussi s’inspire de la synagogue. Tout ce qui attirait les Grecs dans le judaïsme, on le retrouvait dans la jeune Église, mais recentré sur la personne de Jésus-Christ. Tout ce qui empêchait les Grecs d’adhérer au judaïsme, en particulier l’obligation de la circoncision, la jeune Église ne l’a pas gardé. Ce qui explique en partie l’attraction de l’Église pour ces gens de culture grecque.

Paul voit dans cette nouvelle réalité un effet de la venue du Fils de Dieu dans le monde. Grecs et Juifs peuvent maintenant se reconnaître frères et sœurs dans la foi au Christ. Ce qui fait dire à Paul que, dans sa mort et sa résurrection, le Christ a aboli « le mur de la haine » qui séparait les Grecs et les Juifs. Les Grecs qui étaient « loin » de l’Alliance et les Juifs qui étaient « proches » se retrouvent maintenant unis en un seul corps, une seule âme en Jésus.

Malheureusement, cette paix dont rêvait Saint Paul ne s’est pas complètement réalisée. Certes, quelques Juifs et quelques Grecs se sont unis dans la foi au Christ, mais pas tous. Les chrétiens furent exclus des synagogues, les Juifs furent persécutés par les chrétiens. Et Paul ne pouvait même pas prendre en considération les grandes traditions religieuses de l’Inde, de la Perse ou de la Chine qu’il ne connaissait pas, sans parler des animismes africains ou amérindiens. Il faut enfin reconnaître que les chrétiens eux-mêmes, au fil des siècles, ont construit de nouveaux « murs de la haine », entretenant des guerres de religion même entre eux.

La vision de Saint Paul demeure pourtant juste et bonne. Jésus a voulu rassembler l’humanité en une seule famille, adorant le même Dieu, partageant la même foi. L’œuvre de Jésus est une œuvre de paix. Les chrétiens d’aujourd’hui sont appelés à construire cette paix en travaillant à l’unité entre les Églises, en s’engageant au dialogue respectueux avec les autres religions, en faisant la promotion de la personne humaine quelle que soit sa culture, sa race ou sa langue. Jésus est le « prince de la paix. » Ses disciples aussi doivent être des hommes et des femmes de paix.

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