jeudi 5 avril 2012

Prenez garde au levain!

Lire 1 Corinthiens 5, 7-8

Le soir avant de mourir, Jésus célébra un repas spécial avec ses apôtres. Il s'agissait d'un repas rituel marquant la fête juive de la Pâque, mémoire de la libération de l’esclavage en Égypte quelque 1250 années avant Jésus-Christ. Cette fête était construite autour de deux anciennes traditions: le sacrifice d’un agneau et la confection d’un pain sans levain.


On connaît un peu le rituel du sacrifice des agneaux, pratiqué au Temple de Jérusalem à l'époque de Jésus. Mais le pain sans levain, c’est quoi au juste?


Les spécialistes de la cuisine savent que la levure est nécessaire pour que le pain lève. Autrement on ne produit qu’un pain plat et dur. De fait, la levure consiste en des champignons microscopiques qui décomposent la farine, produisant des gaz qui font lever le pain. L’effet recherché résulte donc de la corruption de la pâte.

Aujourd’hui, on achète la levure dans des sachets qu'on l’ajoute à la pâte avant de la faire cuire. Mais autrefois, ces sachets n’existaient pas. Il fallait attendre que la levure, naturellement présente dans la farine, se décompose au contact de l’eau. Cela pouvait prendre beaucoup de temps et ne pas toujours réussir. Mais si on réservait un peu de pâte déjà levée – qu’on appelait le levain – et qu’on l’ajoutait à la nouvelle pâte, l’effet réussissait plus souvent et était accéléré. C’est pourquoi on gardait toujours un peu de levain dans la maison.

La nuit de la sortie d’Égypte, pourtant, on n’avait pas eu le temps se servir du levain pour faire lever la pâte du pain pour la route. On avait cuit le pain avant qu’il ne lève, on l’avait mangé plat et dur. Pour faire mémoire de cette libération, la fête de la Pâque juive comprenait la cuisson d’un pain sans levain. Et pour s’assurer qu’il ne lèverait pas, on cherchait par tous les moyens à éviter la contamination : on nettoyait alors la maison de fond en comble pour s’assurer qu’aucune miette de vieux pain ou de vieille pâte ne soit cachée quelque part.

Encore aujourd’hui, dans les familles juives, on nettoie complètement la maison avant la fête de la Pâque. Les enfants participent à cette activité et en font un jeu. Les parents cachent parfois des miettes de pain ici et là pour obliger les enfants à les trouver, afin de les jeter ou les brûler.

Saint Paul évoque cette coutume dans sa lettre aux Corienthiens. Il rappelle à ces premiers chrétiens que le baptême a transformé leurs vies: ils sont maintenant configurés au Christ. Ils doivent donc chasser de leurs vies toute méchanceté, toute perversité, comme on chasse le levain de la maison. Car, dit-il, « le Christ, notre Pâque, a été immolé! » En effet, le nouvel agneau sacrifié, c’est Jésus, dont la mort sur la croix est source d’une libération encore plus radicale, car elle nous libère de la puissance du mal. Dans nos vies, alors, plus de place pour le péché! Saint Paul nous invite: que nos vies soient « sans levain, » sans corruption, pures et vraies.

La fête chrétienne de Pâques s'avère pour nous l’occasion de nettoyer notre « maison spirituelle » pour s’assurer qu’aucun levain n’y soit caché. Soyons purifiés à la source même de la sainteté, le Christ ressuscité. Joyeuses Pâques!

1 commentaire:

  1. Ose-t-on dire qu'après cela nous sommes appelés à devenir le levain divin du monde?

    RépondreEffacer