jeudi 19 janvier 2012

L'indifférence, une vertu chrétienne?

Lire I Corinthiens 7, 29-31

Le passage de Saint Paul qui nous est présenté aujourd’hui semble presque bouddhiste dans son contenu. En effet, le Gautama Bouddha enseignait il y a 2500 ans que la souffrance vient de nos désirs non-comblés. D’après lui, pour être heureux, il suffirait d’apprendre à vivre sans désir. Évidemment, c’est tout un projet. Pour y arriver, le bouddhisme déploie tout un enseignement qui, parfois, a des résonnances d’Évangile.

Mais il y a une grande différence entre l’indifférence enseignée par le Bouddha et le détachement enseigné par saint Paul. Pour le Bouddha, il s’agit d’une discipline personnelle qui mènerait lentement vers un état d’extase ou de paix intérieure parfaite. Pour saint Paul, il s’agit plutôt d’une vision du monde où le sens ultime des choses ne se trouve pas en elles-mêmes, mais dans le Christ.

Essayons de comprendre. Paul écrit : « Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui sont heureux, comme s’ils n’étaient pas heureux, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas. » Paul ne dit pas que les chrétiens doivent éviter le mariage, les sentiments ou le commerce. Mais il dit que la valeur de ces réalités, la valeur de toute réalité, ne réside pas dans les réalités elles-mêmes. Leur valeur vient de leur place dans le plan de Dieu : tout doit être vu en fonction de l’amour de Dieu pour nous, et de notre foi en lui.

Saint Paul nous propose donc une règle de vie. Dans mes choix, je ne dois pas m’arrêter aux choses elles-mêmes, mais à leur place dans le plan de Dieu. Comment tel choix m’aidera-t-il à grandir dans l’amour de Dieu ? Comment cela favorisera-t-il la croissance du Règne de Dieu au cœur du monde ? Voilà les questions à se poser.

Saint Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, enseignait à ses compagnons à développer une « sainte indifférence » face aux réalités du monde afin de pouvoir s’attacher, à travers ces réalités, à l’amour de Dieu qui seul donne sens à nos vies. La prière qu’il nous a laissée est comme un écho du texte de Saint Paul : « Prends Seigneur et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté. Tout ce que j'ai et tout ce que je possède, c'est Toi qui me l'as donné. Tout cela, Seigneur, je Te le rends. Tout est à Toi, disposes-en selon Ton entière volonté. Donne-moi seulement de T'aimer, donne-moi cette grâce, elle seule me suffit. »

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