mercredi 14 septembre 2011

Pour une mort pleine de vie

Méditation sur la deuxième lecture

24e dimanche du temps ordinaire, Année A


Romains 14, 7-9

Nous avons tendance à imaginer la vie comme traçant une courbe dont le sommet serait atteint entre les âges de vingt et de quarante ans. Après cela, l’énergie diminuerait, les facultés faibliraient, les capacités de renouvellement s’amenuiseraient. Tranquillement, selon cette perspective, nous descendrions vers notre mort. Celle-ci ne serait que le point final d’une courbe descendante, l’effacement de l’être dans le silence et le néant.

La science a un mot pour dire cette dispersion graduelle de l’énergie : l’entropie. Dans sa phase ascendante, toute vie lutte contre l’entropie alors qu’elle se développe et se perfectionne. Mais la science nous dit que cette lutte est ultimement futile, que l’entropie gagne toujours puisqu’il est inévitable que la vie se désagrège lentement. La mort serait donc inévitable.

Saint Paul, lui, nous présente une vision bien différente. Il propose que la vie est une montée continuelle vers Dieu, une ascension vers le divin. Même la mort fait partie de cette montée, même la mort est prise dans cet élan dynamique qui nous porte vers le Seigneur. Selon Paul, la mort n’est pas l’aboutissement d’un processus de dégradation, mais l’étape ultime d’un processus de croissance.

« Nous vivons pour le Christ, nous mourrons pour le Christ » : le français ne traduit pas tout à fait le sens de Paul. Dans le grec original, l’expression sous-entend une direction, un mouvement. Le sens de Paul est plutôt celui-ci : la mort, comme la vie, est un élan dynamique de l’être tendu vers le Christ.

La mort est un élan dynamique? C’est loin d’être évident. Tout semble contredire cette affirmation. Et pourtant, lorsqu’on la voit dans la perspective de la foi, la mort prend une autre figure. Elle s’intègre au mouvement de la vie qui s’élance vers le Christ, elle en est comme une apogée et un point tournant. L’élan disparaît peut-être à notre regard mais il se poursuit dans l’éternité de Dieu.

Par contre, Paul nous rappelle que cela n’est pas automatique. Il y a un choix à faire pour qu’il en soit ainsi. Nous pourrions choisir une autre direction pour notre vie : nous pourrions choisir de vivre seulement pour nous-mêmes. La vie centrée sur soi aboutit à une mort centrée sur soi. Dans cette circonstance, la vision scientifique s’avère vraie : la mort ne sera que les points de suspension ajoutés à existence sans élan, sans ouverture à l’Autre. L’entropie aura alors le dernier mot.

Mais la résurrection du Christ nous libère de cette fatalité. Si nous vivons notre vie centrée sur le Christ, si nous faisons de notre vie un élan vers l’Autre et vers les autres, alors notre mort sera comme un tremplin nous projetant vers l’infini, plein d’énergie et d’amour.

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